Samedi 16 juillet 2016
HONGRIE, SLOVENIE, AUTRICHE, ITALIE
Le drapeau européen… ça fait bizarre. La Hongrie est devant nous.
L'excitation de passer la frontière ressemble à l'extase devant un vieux chewing-gum collé sous un bureau. Un petit souvenir un peu mâchouillé avec un parfum de fraise désuet.
Bref, on est de retour chez nous.
Les panneaux routiers sont euro-compatibles, les tarifs de l'autoroute sont prohibitifs et les jeunes filles ont des shorts ultra-courts.
Ce qui est marrant, c'est qu'on arrive de nouveau à lire les enseignes, ce n'est plus en cyrillique, en hindi ou en arabe, mais pourtant, c'est du chinois ! En magyar, les consonnes font de la colocation active, elles vivent les unes sur les autres sans scrupule et les voyelles servent seulement de plantes vertes pour la décoration. On n'y comprend absolument rien !
Pour que ça sente enfin les vacances (les enfants ont fini l'école, leurs profs sont contents, la remise des prix a eu lieu à la terrasse du bar des flots bleus), on s'est dit qu'on allait se payer quelques jours dans un camping méga-luxueux-avec-piscine-et-suisses-allemands-en-bermuda, afin de revenir, par paliers, dans la vie normale.
Mais le naturel est revenu au galop.
Et au lieu de se retrouver au milieu d'une forêt de campings-cars hollandais et de tentes Quechua à fond la forme au bord du lac Balaton, on a trouvé un joli petit bivouac vers le lac Tisza-To, une petite étendue d'eau pleine de moustiques à 150 kilomètres au sud-est de Budapest, le rêve…
On y est restés deux jours, le temps de faire une randonnée en pédalo, de faire du beach volley lacustre et de déguster des pizzas, bières pressions, glaces à la crème chantilly, le trio dont on avait rêvé depuis longtemps, un bon petit moment.
Ensuite, nous avons à nouveau élégamment contourné Budapest, afin de ne pas faire tache dans cette belle ville avec notre gros camion jaune, et nous avons tranquillement longé le lac Balaton…
C'est une école de patience… Il y a des passages piétons tous les 200 mètres avec à chaque fois une famille qui traverse avec un gros crocodile en plastique ou un canard gonflable.
En plus, le lac, on ne le voit jamais.
On longe une ligne ferroviaire, des jolies villas, des enseignes de camping. Et quand, enfin, on prend un petit chemin de traverse pour se retrouver au bord du lac, la baignade prend des allures de barbotage dans 80 centimètres d'eau, on fait du crawl dans les algues et nos genoux râpent le fond… c'est plus joli sur les cartes postales, mais quand même, c'est le lac Balaton !
Ensuite, on a quitté la Hongrie pour entrer en Slovénie. On y est resté 24 heures, on n'a même pas réalisé s'il fallait payer en Euro ou en « slovenski ». Et, pour finir, on est arrivés en Autriche.
On est d'abord allés pique-niquer au bord d'un petit lac, afin de ne pas arriver trop tôt chez nos amis Bianca et Dominik. Et là, surprise, juste parce qu'on avait posé nos fesses sur le gazon bien tondu et habilement parsemé de crottes de canard, il a fallu payer 12 euros pour toute la famille… il va falloir qu'on se réhabitue à payer pour respirer selon les normes iso-2012.
Et ensuite, on est allé dans les montagnes de Carinthie pour retrouver nos amis voyageurs. On s'était croisés sur une plage de Dubaï (ça fait classe, ça). Bianca et Dominik ont voyagé un an avec leurs deux filles de 3 et 5 ans d'Autriche en Oman et retour. On avait plein de choses à se raconter ! Et nous avons passé un week-end très sympathique dans leur petit chalet, même si ce fut relativement sportif (samedi, Dominik a fait excaver tout le bas de son chalet pour refaire l'isolation de la cave, quelle drôle d'idée et dimanche, ça a été atelier-jante, on a encore galéré avec nos pneus!)
Lundi 18 juillet, on a vécu une nouvelle expérience de l'extrême en faisant nos courses dans un supermarché autrichien… Inconsciemment, j'essayais de trouver le taux de change par rapport aux prix indiqués sur les produits, tellement ça me semblait cher ! Mais il a fallu assez vite se rendre à l'évidence… il ne fallait pas diviser par trois, par deux ni même par 1,5… Il fallait juste sortir les beaux billets tout craquants de 100 euros qu'on avait planqués dans une enveloppe pendant tout le voyage.
Et, finalement, on a traversé sans se rendre compte notre dernière frontière avant la France, en entrant en Italie par Tarvisio et ses magnifiques montagnes dolomites.
Pour finir le voyage, on ne pouvait pas ne pas aller rendre un dernier hommage à notre pote Marco Polo.
Alors on s'est rendus à Venise, la ville de l'amour… mais on a failli divorcer dans un rond-point, pour une engueulade mémorable sur le chemin à prendre ! Finalement, on a réussi à trouver une route autorisée aux 9 tonnes et on s'est garé en face de Venise, à Jesolo, sur un parking à campings-cars, le bonheur total. Ça nous faisait tout bête d'être dans la foule, avec plein de gens qui parlent français autour de nous et des Italiens gavés de touristes. Mais Venise est une ville toujours aussi belle !
Et, pour la dernière ligne droite, on s'est payé l'autoroute pour traverser toute l'Italie et arriver, au bout de 11 mois et demi, au chalet des parents d'Olivier, dans le Queyras.
La boucle était bouclée…